Les dermatophyties (teigne) représentent une cause majeure d’infection cutanée chez les chats.
Elles sont dues à des champignons des genres Microsporum et Trychophyton. Microsporum canis étant le plus souvent identifié. Ces mycoses sont très préoccupantes car elles peuvent contaminer l’homme (zoonoses) et représentent un vrai challenge thérapeutique lorsqu’une communauté de chat est atteinte.
Les signes cliniques
Les lésions sont variables d'un individu à l'autre. Elles se caractérisent par :
- une alopécie circulaire d’évolution centrifuge lente avec squames et croûtes
- une dermatite érythémato-squameuse (rougeur et pellicules)
- un état kérato-séborrhéique généralisé qui s’exprime par une peau et un pelage gras
- une dermatite squameuse généralisée (pellicules sur l’ensemble du corps)
- une dermatite milliaire (multiples petites croûtes)
- une atteinte du lit de l’ongle (périonyxis) ou de l’ongle (onyxis)
- une lésion enflammée localisée (kérion)
Il faudra toujours rechercher une déficience immunitaire lors d’infestation par la teigne. Il a en effet été démontré que la prévalence de la teigne à Microsporum canis était trois fois supérieure chez les chats atteints par le virus FIV. Il est également admis que les autres viroses (FeLV, la péritonite infectieuse), les maladies débilitantes (cancer, diabète…) et l’utilisation de traitements immunomodulateurs (glucocorticoïdes, acétate de mégestrol…) peuvent également favoriser les dermatophyties.
Le diagnostic
La suspicion clinique doit toujours être confirmée par un diagnostic expérimental rigoureux. Celui-ci repose principalement sur quatre examens complémentaires :
- l’examen en lumière de Wood (Microsporum Canis émet une fluorescence bleue sous l'effet de cette lumière)
- la mise en évidence microscopique de l’invasion fongique des poils
- la culture fongique
- la mise en évidence de l’invasion pilaire ou de couche cornée à l’examen histopathologique
Le traitement
Bien que les dermatophyties guérissent spontanément en quelques mois chez les chats immunocompétents, il n’est pas du tout souhaitable de recommander une attitude expectative vu le caractère contagieux de cette dermatose et le risque de zoonose. Les objectifs du traitement seront donc d’accélérer la guérison, de diminuer ou prévenir la dissémination des spores dans le milieu et de limiter la contagion.
- La tonte du pelage est conseillée car elle permet d’éliminer les poils infectés. Cependant, elle peut aggraver la situation pendant les premiers jours. En effet, lors de celle-ci des spores sont disséminées dans l’environnement et des microtraumas cutanés sont créés favorisant la dissémination du champignon sur la peau.
- Les traitements topiques doivent être utilisés sur l’entièreté du corps dans la majorité des cas. Ils contribuent à limiter la contamination de l’environnement
- Le traitement systémique (oral): en Belgique, seul l’itraconazole (Itrafungol™) est enregistré pour traiter les chats
- Le traitement de l’environnement est primordial car les spores peuvent survivre jusqu’à 18 mois dans l’environnement. La contamination du mileu peut être très importante car il a été démontré qu’il peut y avoir 1000 spores/m³ d’air dans une maison où séjourne un chat infesté. Ce traitement doit être précédé d’un nettoyage mécanique avec utilisation d’un aspirateur dont le sac contaminé sera détruit. Les tissus, couvertures et coussins devraient idéalement être détruits. Une désinfection des locaux doit suivre ce nettoyage et il doit impérativement être répété pendant le traitement de la teigne
- La vaccination a fait naître de grands espoirs chez les éleveurs de chats mais, jusqu’à présent, aucune évidence scientifique ne permet d’en recommander l’utilisation
- Le traitement de la teigne dans une chatterie constitue un vrai challenge pour lequel la rigueur thérapeutique est indispensable et la compartimentation des chats souhaitée. Le principe consiste à créer 4 zones : chats sains, chats infectés avec lésions, chats à culture positive sans lésion et chattes gestantes ou allaitantes.
La teigne ne doit donc jamais être considérée comme une maladie peu importante chez un chat. Son traitement doit être rigoureux car, en plus de guérir votre compagnon, il est important d'éviter les contaminations humaines.